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28 mai 2025

Découvrez l'incroyable histoire d'Arthur Bouhouhs

Déchirure musculaire et rupture du ligament croisé à seulement 4km de l'arrivée.... A la découverte de ses limites physiques

En 2025, les histoires de nos coureurs prennent vie : du retrait des dossards jusqu’à la ligne d’arrivée, découvrez des récits authentiques, inspirants et chargés d’émotions.

Voici l'histoire d'Arthur Douhours sur l'Ultra Trail des Chevaliers.

Avant de plonger dans le récit de sa course, nous vous invitons à découvrir en vidéo ses objectifs et ses sensations à quelques heures du départ.

C’est une course qui m’a fait atteindre mes limites mentales l’an dernier, mais qui cette année m’a fait atteindre une limite physique.

Arthur BOUHOURS, 100M - 2025

LA SUITE : UNE COURSE EPIQUE

Il y a des courses qui marquent un palier dans la vie d’un coureur. Pour Arthur Bouhours, ce 100 miles du Trail Alsace Grand Est a été bien plus qu’un défi sportif : un vrai voyage intérieur, une traversée physique et mentale, entre euphorie, lucidité… et blessure.

Se lancer dans l’inconnu… que l’on connaît trop bien

« Une course épique. Un vendredi 18h, s’apprêter à parcourir un département entier en courant de nuit comme de jour, je l’avais déjà fait, je réappréhendais d’autant plus que je savais quelles douleurs je devrais traverser. »

« 19h, la course est lancée, l’ambiance est géniale, on se sent chevalier partant en croisade de châteaux forts ! »

« 21h, tel que le voulaient mes prévisions : Kaysersberg, un ravitaillement chaotique, dans une foule de traileurs profitant des dernières lueurs du jour pour avancer rapidement sur ces terres ! »

La nuit, ce moment hors du temps

« Enfin nous entrons dans la nuit, tout devient calme, les frontales s’allument une à une, je me concentre simplement sur ma respiration et sur économiser le maximum d’énergie, je laisse mon corps s’endormir, bercé par le son des foulées. »

« À Aubure, l’ambiance est électrique, on se croirait dans une fête de village, c’est là que je rejoins ma mère. Dans une phase compliquée, on ne fait que commencer cette course, mais l’esprit est déjà fatigué. »

« Mais pas le temps de se poser, il faut s’envoler au Haut-Koenigsbourg. Ici, un chien nous suit depuis Aubure, je l’ai bien guidé jusqu’à des gendarmes qui faisaient la circulation (le pauvre n’avait pas le matériel obligatoire ! en espérant qu’il ait bien retrouvé son propriétaire…). »

« Les jambes vont bien, le HK va bien aussi, animé même à 3h du matin, avec de la fumée perçant la nuit étoilée ! »

« Enfin, on descend à Châtenois, après ça on aura clôturé cette nuit… une nuit parfaite passée à rigoler avec un Allemand dont je n’aurais pas compris un mot, tant son accent était fort, mais dont j’aurais compris son amour du trail, tant on voyait son plaisir à l’effort ! »

Le jour se lève, la douleur aussi

« Dambach-la-Ville, l’an passé je m’y retrouvais en milieu d’après-midi, plein soleil, mais ici c’est le lever de ce soleil que j’ai eu à 5h. Mon assistance vient d’arriver ! »

« La nuit est officiellement finie, je change de chaussures, je découvre un pied droit avec une ampoule bien saignante, à peine le temps d’y coller un pansement, prendre un Red Bull et c’est reparti ! »

« Je suis en forme, la nuit est terminée, mais la journée commence à peine. Je sais qu’à chaque ravitaillement, j’aurai les encouragements de mes proches, ils pourront me dire ce qu’il me reste à parcourir et me rappeler pourquoi je cours ! »

De 24h à top 100 : un nouveau combat

« Saut dans le temps à l’arrivée de Barr, je vais attaquer le Mont Sainte-Odile, tellement de mes préparations passaient là-bas, je connais ces montées par cœur. »

« Et à Barr, aussi inattendu que cela puisse être à entendre, on m’annonce mon classement : “Arthur, tu es 101e”. »

« Mon dossard est le 239, corrélé relativement avec le score de course… Je comprends alors que je n’ai pas simplement couru une bonne nuit et une bonne matinée, j’ai été dans la forme de ma vie. »

« J’étais parti avec l’objectif des 24h, un nouvel objectif venait alors de se créer : faire top 100. »

« Après une montée éclair du Mont Sainte-Odile, me voici déjà dans le top 90, les jambes avancent rapidement, si bien que me voici déjà en route vers la section que je redoute → Klingenthal. »

« 3h d’efforts avec du D+ et du D- répartis en yo-yo sur un parcours technique où il faut rester concentré dans le début d’après-midi après plus de 16h d’efforts. »

« Ici, je recule légèrement de place, sûrement le contrecoup d’une montée intense, mais je ne m’inquiète pas, je sais que le plus dur est derrière moi ! »

L’incident qui aurait pu tout faire basculer

« J’ai très mal aux quadriceps avec les descentes, mais je cours tant bien que mal jusqu’à Rosheim. 22h de course, il me reste alors plus que 7 km, je suis 91e. »

« La course est gagnée, même en rampant je finirais, sous les 24h, objectif initial. »

« C’est alors confiant que je continue jusqu’à Obernai. »

« Mais à 4 km de l’arrivée, par manque d’attention, je bute en descente sur un rocher avec mon pied gauche, jambe tendue, j’ai mal. »

« Je ne comprends pas bien ce qu’il vient de se passer, je n’arrive plus à trottiner, je n’arrive même plus à tendre ma jambe gauche. »

« J’aurais dû arriver sous les 23h, mais ce sont 30 min de plus que j’aurai mis à boiter, souffrant dans les dernières descentes. Ma mère m’écrivait les places : de 90e je devenais 94, puis 96, enfin à 500 m de l’arrivée j’étais 98e. »

« Je me refusais alors d’abandonner le top 100. »

« Alors malgré ma terrible douleur sur les remparts d’Obernai, j’ai fini avec la ferveur du public, la tête haute, 98e en courant mon 100 miles en 23h27min30sec, à 21 ans ! »

« Soit plus de 13h de moins que mon temps de l’an précédent. »

Verdict médical : une fin en vrac

« Malheureusement, l’histoire n’est pas toujours avec une fin super heureuse : à peine la ligne franchie, l’adrénaline retombe, on me porte jusqu’aux kinés et médecins. »

« On me retire l’écharde que j’avais dans le pied depuis Rosheim, et on commence à toucher ma jambe gauche. »

« Je suis sévèrement blessé. »

« Deux jours plus tard, sous l’IRM, j’apprendrais m’être déchiré le semi-membraneux (muscle de l’ischio-jambier arrière de la cuisse), et rompu partiellement mon ligament croisé antérieur. »

Finir brisé, mais debout

« C’est une course qui m’a fait atteindre mes limites mentales l’an dernier, mais qui cette année m’a fait atteindre une limite physique. »

« Je laisse désormais mon corps se reposer, avant d’espérer pouvoir raconter à nouveau une aventure de chevalier l’année prochaine. »